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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 16:55

Fleur_de_Pantin_2005.jpgPays du Nord et du Sud ont adopté ce samedi à Nagoya, dans le centre du Japon, un accord sans précédent visant à mieux protéger les espèces et les écosystèmes de la planète et à en partager plus équitablement les bénéfices.

Dix mois après l'immense déception du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, l'issue positive de cette conférence devrait, au-delà des dispositions parfois très techniques qu'elle comporte, redonner des couleurs au processus de négociation onusien sur l'environnement.

«Si Kyoto est entrée dans l'histoire comme la ville où l'accord sur le climat est né [en 1997], Nagoya y restera comme la ville où l'accord sur la biodiversité est né», a estimé Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (CBD).

Les représentants de plus de 190 pays, à l'exception notable des États-Unis qui n'ont jamais ratifié la CBD, lancée en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio, ont adopté un «plan stratégique» en 20 points pour 2020 visant à freiner le rythme alarmant de disparition des espèces.

Ils se sont également mis d'accord sur un protocole, âprement négocié depuis huit ans, organisant le partage des bénéfices tirés par les industries de la pharmacie et des cosmétiques, notamment des ressources génétiques des pays du Sud (animaux, plantes, micro-organismes).

Le Brésil, qui abrite la plus grande partie de l'immense bassin amazonien, où vit 10 % de la totalité des espèces connues de la planète, avait insisté sur la nécessité d'arriver à cet accord pour «mettre un terme à la bio-piraterie».

«Grâce à beaucoup de sagesse, d'énormes efforts et des larmes, nous avons réussi!», a lancé, très ému, le ministre japonais de l'Environnement, Ryu Matsumoto, à l'issue d'ultimes tractations très tendues en séance plénière.

La secrétaire d'État française à l'Écologie, Chantal Jouanno, a salué «un très grand moment [...] un beau pied de nez à tous ceux qui ne croient plus à l'environnement».

«Le protocole de Nagoya est une réussite historique», a estimé Jim Leape, directeur général de WWF International. Greenpeace, de son côté, a salué «le début de la fin de la bio-piraterie» mais regretté que les gouvernements n'aient pas été «plus courageux» sur les objectifs.

Le plan stratégique 2020 fixe en particulier comme objectif une augmentation des aires protégées de la planète: 17 % de la surface totale des terres (contre 13 % aujourd'hui) et 10 % pour la surface totale des océans (contre un peu moins de 1 % aujourd'hui).

Ce plan, qui n'a pas de caractère légalement contraignant, peut-il avoir un réel impact sur la protection des espèces à travers le monde?

«Même si ce n'est pas une décision légalement contraignante, le message envoyé à tous les pays est "il faut faire plus"», s'est félicité Russell Mittermeier, président de l'ONG américaine Conservation International. «Les aires protégées, quelle que soit leur nature, sont le meilleur outil dont nous disposons à ce jour pour protéger la diversité du vivant», a-t-il ajouté, saluant un accord «incontestablement historique».

Plusieurs engagements laissent cependant la porte ouverte à des interprétations très larges. Ainsi, l'un des objectifs prône l'«élimination», ou au moins la «réduction progression» des «subventions néfastes» pour la diversité biologique. De nombreuses questions demeurent sur son influence concrète sur les innombrables subventions à la pêche, en Europe en particulier, alors que la surpêche de nombreuses espèces est scientifiquement documentée.

«De 70 à 80 % des espèces de poissons que nous mangeons» sont pêchées au-delà de leur capacité de reproduction, rappelait l'acteur américain Harrison Ford dans un entretien à l'AFP en début de semaine.

Une espèce d'amphibien sur trois, plus d'un oiseau sur huit, plus d'un mammifère sur cinq sont menacés d'extinction à l'échelle mondiale, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

 

 

ledevoir.com

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