D’après l’OMS, une eau est considérée comme « potable » ou « salubre », dès qu’il est possible de la consommer sans risque. Elle répond donc à des normes microbiologiques, physiques et chimiques précises. C’est encore l’OMS qui évalue sa mise à disposition : tout individu se trouvant à plus de 200 mètres d’une canalisation en milieu urbain est considéré comme n’ayant pas accès à l’eau potable. A la campagne, il ne doit pas être obligé de marcher plus de 20 minutes.
Chaque année, cette source de vie entraîne la mort de 3,4 millions de victimes ! Pour la plupart, des enfants issus de pays en développement... Un bilan insupportable, qui représente 6% des décès dans le monde, toutes causes confondues ! Et ces 3,4 millions de victimes seraient, toutes, totalement évitables !
Pourtant, les efforts ont été réels. Mais toutes les politiques successivement élaborées ont dramatiquement sous-évalué l’accroissement considérable de la population mondiale.
Aussi, les choix qui ont servi de base à ces politiques ont souvent été inadaptés. les autorités ont trop insisté sur les infrastructures d’assainissement, sans prendre le problème à sa base. Des latrines ont été construites quasiment à tout-va, avant même d’éduquer et de former le public à l’hygiène.
Dans un rapport conjoint, l’OMS et de l’UNICEF démontrent parfaitement l’échec de cette politique. Au lieu d’imposer du matériel nouveau aux populations, l’OMS et l’UNICEF ont alors décidé de les motiver et de les éduquer. Aujourd’hui, dans des dizaines de pays, l’hygiène est enseignée dans les écoles primaires. Les enfants y apprennent non seulement l’utilisation des latrines, mais aussi les gestes d’hygiène quotidiens dont nul ne devrait pouvoir se passer. Comme de se laver les mains avec de l’eau et du savon après chaque passage aux toilettes. Un geste qui doit également être répété plusieurs fois au cours de la préparation des repas. A chaque fois, en fait, qu’on passe d’un aliment à l’autre.
Les premières études effectuées sur le sujet ont donné des résultats très encourageants. D’après l’UNICEF, le simple fait de se laver les mains à l’eau et au savon pourrait, six fois sur sept, éviter les cas de dysenterie transmis dans le milieu familial. A l’avenir, nos comportements devraient évoluer en profondeur. Les latrines ne devront plus être imposées - ou même proposées… - aux populations, mais au contraire réclamées par ces dernières….
D’ici 2015, l’OMS et l’UNICEF veulent réduire le problème à moitié. En permettant à la moitié de ceux qui en sont privés aujourd’hui de disposer d’un accès à un système d’assainissement, et à de l’eau potable en quantités suffisantes pour un prix abordable. Concrètement, cela implique tout de même de raccorder chaque jour près de 300 000 personnes à l’eau potable ! Et d’en connecter 400 000 autres à de vrais réseaux d’assainissement. Ce n’est pas un petit défi !
Même si ce programme est réaliste. La seule difficulté mais elle est de taille, c’est d’obtenir qu’il soit érigé en priorité politique.
Le problème principal du secteur d’eau potable et de l’assainissement, ce n’est pas exactement le manque de moyens mais le manque des sources financières, c’est un manque de volonté politique. Il faut vraiment qu’existe une volonté politique.
C’est important non seulement pour le quotidien et la dignité des femmes et des hommes, mais aussi pour leur santé. Une bonne dizaine de maladies sont directement liées à l’eau. Et d’abord les maladies diarrhéiques, qui font chaque année des millions de victimes.
Un enfant attrape la diarrhée en avalant des microbes qui se trouvent dans ses selles. Ils peuvent alors se transmettre, par l’eau ou les aliments, par les mains, la vaisselle, les couverts. Par des mouches, partout présentes, ou la saleté retenue sous des ongles mal entretenus. Cette maladie, que l’on pourrait croire d’un autre âge sous sa forme épidémique, est responsable de 4% des morts dans le monde ! Un rapide calcul montre que ces 4% représentent deux millions deux cent mille victimes ! La plupart sont des enfants. Des enfants de moins de 5 ans, dans des pays en développement. Au total, les diarrhées sont responsables de 15% de tous les décès survenus chez des enfants ! Un sur huit !
D’après l’UNICEF, l’amélioration de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène suffirait à réduire de 26% le nombre de cas de diarrhées. Et de 65% celui des morts ! Ces progrès entraîneraient aussi une forte diminution des autres maladies liées à l’eau. Celles qui se transmettent par une simple piqûre d’insecte : le paludisme qui tue chaque année un million d’adultes et d’enfants, ou encore la « maladie du sommeil ».
La plupart des maladies non transmissibles que nous subissons aujourd’hui – cancers, diabète, maladies cardio-vasculaires… - sont imputables à nos styles de vie. Une nourriture inadaptée, une sédentarité excessive sont dangereuses. Mais n’oublions pas le rôle essentiel de l’eau. Car décidément, Louis Pasteur avait raison d’affirmer que « nous buvons 90% de nos maladies »…