Le paradigme conceptuel – durabilité faible ou forte – a des implications sur la façon dont nous mesurons et évaluons les tendances. Compte tenu de la diversité des opinions sur la définition de la durabilité, il n’est pas surprenant qu’il soit difficile de définir une mesure quantitative largement acceptable. La littérature spécialisée a produit de nombreux types de mesures.
Une étude récente en a identifié 37, dont certaines sont plus connues que d’autres. Nous nous
intéressons ici aux plus courantes.
La comptabilité verte nationale ajuste des mesures telles que le produit intérieur brut ou l’épargne en fonction de la qualité environnementale et de l’épuisement des ressources.
L’épargne nette ajustée, mesure inhérente à la durabilité faible, comptabilise positivement les dépenses en matière d’éducation et négativement l’épuisement des ressources énergétiques, des minéraux et des forêts, ainsi que les dommages dus aux émissions de dioxyde de carbone et à la pollution. C’est une mesure globale de tous les capitaux d’une économie – financier, physique, humain et environnemental. Elle implique que les différents types de capital sont des substituts parfaits, de sorte que les économies financières peuvent remplacer, par exemple, la perte de ressources naturelles.
Les indices composés mêlent les indicateurs sociaux, économiques et environnementaux au sein d’un seul indice. Bon nombre de démarches innovantes ont adopté cette approche.
Deux exemples de prise en compte de la durabilité forte sont l’empreinte écologique – mesure du stress annuel que les êtres humains infligent à la biosphère – et l’indice de performance environnementale.
Aucune des mesures globales n’est parfaite. Ainsi, certains spécialistes contestent le fait que les économies nettes ajustées attachent de l’importance à des éléments non marchands, comme les émissions de dioxyde de carbone. Compte tenu des débats en cours sur la mesure de la durabilité, nous nous référerons aux mesures composites à l’aide d’un tableau de bord représentant les indicateurs spécifiques permettant de saisir les différents aspects de la durabilité. Les indicateurs uniques soulignent l’importance de la durabilité forte en présentant les résultats médiocres et la détérioration sur tous les fronts.
Source : Jha et Pereira 2011 ; Dasgupta 2007 ; Neumayer 2010a et 2010b.